Hermanus-Franciscus VAN DEN ANKER (1832-1883)

La Marchande de beurre  ou Le Partage du beurre, intérieur breton, vers 1880-1882

Don des Amis du Musée de Pont-Aven en 2019


Philippe Couton, spécialiste de Van den Anker, situe ainsi l’œuvre dans la carrière du peintre : « Ce tableau est probablement l’une des œuvres de H. Van den Anker les plus importantes encore conservées à ce jour, tant d’un point de vue artistique qu’historique ».

Voici l’analyse qu’il en propose :

« La composition présente toutes les caractéristiques des scènes bretonnes de Van den Anker, celles d’une scène d’intérieur aux détails minutieux, d’un réalisme « photographique », ayant aujourd’hui valeur d’ethnographie : étude poussée des personnages, des accessoires et de l’ameublement, rendu virtuose des étoffes et des matières, soin particulier attaché au jeu des lumières, à la manière des traditions picturales hollandaises.
Ici la réussite est totale dans le faire et sa prouesse technique ; d’évidence les acteurs sont de véritables portraits, brossés d’après de vraisemblables études de poses.

La scène, que le costume féminin situe immédiatement à Pont-Aven, nous présente une « marchande de beurre » qui vient d’achever son ouvrage comme l’atteste la baratte de grès située à gauche. Elle s’apprête à trancher la motte afin d’en remettre une portion à une vieille femme qui attend assise, un panier sur les genoux. Une volaille morte, figurée à ses pieds, représente peut-être le prix de la transaction, en troc rustique de bon aloi. A droite, sur le pas d’une porte, l’époux probable de la « marchande » veille au déroulement des opérations.
Le cadre imposant de la scène, peu propre à la réalité d’un intérieur campagnard de Basse-Bretagne, est de fait emprunté par Van den Anker à la grande cuisine du Manoir du Poulguin à Névez.


On y reconnaît la cheminée monumentale et il faut saluer la fidélité du Hollandais dans le rendu des lieux et des volumes, avec son altière hauteur de plafond proche du réel. La porte latérale existe effectivement, mais dans une disposition un peu autre. Enfin, la source de lumière émanant de la gauche se trouve aujourd’hui encore prodiguée par d’assez modestes fenêtres latérales. Pour renforcer la crédibilité du rustique de la scène, le peintre a simplement remplacé le sol dallé par un sol de terre battue plus conventionnel. »