Georges LACOMBE (1868-1916)
Études préparatoires de mains et de tablier, vers 1893-1894
Dons des Amis du musée de Pont-Aven en 2014
Ces dessins de Georges Lacombe datés de 1893 à 1894 sont des études préparatoires à de grandes compositions picturales : Les Âges de la vie, Le Printemps (Genève, musée du Petit Palais, Fondation Oscar Ghez) et Les Âges de la vie, L’Automne ou Ramasseuses de marrons (Pasadena, Norton Simon Museum). Ils portent le cachet rond de l’atelier de l’artiste « GL ».
L’Aimée (Crayon gras sur papier) est une étude pour la figure centrale de l’œuvre « Le Printemps ». La ligne fluide donne une élégance à ce dessin synthétique au trait ample cernant les formes.
L’étude de mains et de tablier (crayon sur papier) et Trois études de main tenant un linge (crayon sur papier gris) s’attachent aux personnages de « L’Automne ».
L’artiste exécute en atelier de nombreux dessins pour les différents personnages qui animeront ses toiles, avec une prédilection pour les études de mains au dessin libre et nerveux. Il met le même soin dans ses études de mains que s’il s’agissait de visages.
Que dire du langage des mains ? Peut-être laisser parler le regard d’un poète.
Il appartient à l’artiste de faire avec beaucoup de choses, une autre, unique, et de la plus petite partie d’une chose, un monde. Il y a dans l’œuvre de Rodin des mains, des mains indépendantes et petites qui, sans appartenir à aucun corps, sont vivantes. Des mains qui se dressent, irritées et mauvaises, des mains qui semblent aboyer avec leurs cinq doigts hérissés, comme les cinq gorges d’un chien d’enfer. Des mains qui marchent, qui dorment, et des mains qui s’éveillent ; des mains criminelles et chargées d’une lourde hérédité, et des mains qui sont fatiguées, qui ne veulent plus rien, qui se sont couchées, dans un coin quelconque, comme des bêtes malades qui savent que personne ne peut les aider. Mais les mains sont déjà un organisme compliqué, un delta où beaucoup de vie, venue de loin, conflue, pour se jeter dans le grand courant de l’action.
Il y a une histoire des mains, elles ont réellement leur propre culture, leur beauté particulière ; on leur reconnaît le droit d’avoir leur propre développement, leurs propres désirs, leurs sentiments, leurs humeurs et leurs caprices.
Reiner Maria Rilke, Auguste Rodin, 1903
(traduction Maurice Betz,1928) Bibliothèque numérique romande