La chapelle de la Maison Saint-Yves à Saint-Brieuc
Un patrimoine d’exception – Juin 2024
Le seuil de la chapelle franchi, le visiteur est d’emblée happé par la profusion et l’harmonie des couleurs. « Les ocres, les rouges discrets, les verts, les accents sonores des bleus ou des mauves chantent dans ce concert de tons », écrivait joliment Jos Gwennic dans le Nouvelliste de Bretagne. La chapelle à nef unique frappe aussi par la hauteur sous plafond qui crée une impression d’élévation. De part et d’autre de l’allée centrale sont répartis les bancs destinés aux séminaristes (Le bâtiment fut le Grand Séminaire de Saint-Brieuc jusqu’en 1969).
On s’étonne de méconnaître ce joyau de l’Art déco breton porté par le mouvement artistique connu sous le nom des Seiz Breur.
Il faut ensuite s’attarder sur chaque détail d’un décor qui se lit comme un grand livre d’art. D’une incroyable modernité, l’ensemble reflète bien l’esthétique des Seiz Breur. Sur les murs peints a fresco, dans la charpente apparente ou le riche mobilier, les motifs géométriques caractéristiques de l’Art déco abondent. Les références à l’art celtique et breton se reconnaissent dans les triskells, les mosaïques blanches et noires (Gwenn ha du) du sol, les sculptures en forme d’artichauts pour rappeler ce légume populaire de la terre bretonne. Des compositions en mosaïque d’une grande finesse, réalisées par le rennais Isidore Odorico, ponctuent le décor et notamment le maître-autel surmonté d’une originale claustra au centre de laquelle un chrisme renvoie aux Évangiles. Au fond, une grille en fer forgé, chef d’œuvre d’exécution sans soudure aucune, sépare la nef du narthex.
Il faut encore descendre dans la crypte au décor peint par Xavier de Langlais en 1949. Les scènes évoquent l’Ancien et le Nouveau Testament. On y retrouve le goût de Xavier de Langlais pour les scènes décoratives religieuses dont on a ici un bel exemple.
En quittant les lieux, on se réjouit que l’édifice fût inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1995.