Lezaven

Lezaven, lieu de création picturale


Vingt ans avant l’arrivée de Paul Gauguin, Pont-Aven devient déjà une « colonie d’artistes » florissante. Celle-ci s’établit en partie, dès 1866, dans le petit manoir bien breton de Lezaven, « à deux pas du centre-ville, caché dans les arbres et la verdure », avec des peintres venus principalement d’outre-Atlantique et aussi des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, d’Irlande et de France. Lezaven va demeurer dès lors un lieu de création réputé, engouement qui durera jusqu’à la fin du XXème siècle.

Deux rencontres s’avèrent déterminantes pour la création de cette colonie d’artistes. Le jeune peintre bostonien Henry Bacon, qui se relève en France d’une grave blessure reçue lors de la guerre de Sécession, visite la Bretagne à l’été 1864. Il rencontre Robert Wylie et Charles Way à Paris et leur vante la beauté de Pont-Aven. Ceux-ci se rendent en Bretagne et découvrent la petite cité fin 1864. Enthousiasmé, Wylie convainc ses amis de l’accompagner. Se retrouvent ainsi à Pont-Aven Robert Wylie, Charles Way, Earl Shinn, Howard Roberts, Benjamin Champney, Frederick Bridgman, Moses Wight, un groupe que Shinn baptise « les sept pêcheurs originels ».

Les artistes prennent pension à l’Hôtel des Voyageurs sauf Shinn hébergé par le notaire, Jean-Marie Tanguy, très intéressé par les arts. Ce dernier, en charge de la succession du manoir de Lezaven alors inoccupé, propose aux artistes de s’y installer pour peindre. Deux pièces à l’étage sont alors utilisées comme ateliers.

Shinn adresse en 1866 des bulletins hebdomadaires au journal « Philadelphie evening bulletin », intitulé « Rash steps » dans lesquels il décrit de façon originale et imagée les scènes de vie au manoir de Lezaven. De nombreux amis de Wylie, séduits par son charisme, le rejoignent au fil des années et se succèdent à Lezaven jusqu’en 1883 dans les ateliers de l’étage du manoir. Aux noms déjà cités s’ajoutent ceux de Thomas Hovenden, Hermanus-Franciscus Van den Anker, William Lamb Picknell, William Henry Lippincott, Henry Mosler, Fernand Quignon…

Au cours des premières années de la décade 1880, Louis Bergé, propriétaire du manoir, édifie à l’étage de l’aile est, au dessus des communs existants, un grand espace avec de vastes ouvertures au nord. Ce lieu va désormais constituer un atelier qui sera utilisé par de nombreux artistes jusqu’à la fin du XXème siècle. D’autres célèbres peintres vont venir marquer les lieux, dont bien sûr, un certain Paul Gauguin, présent à Pont-Aven en 1886, 1888, 1889 et 1894.