Maxime MAUFRA (1861-1918)
La Crique, 1894
Don des Amis du Musée de Pont-Aven en 2002
« Maxime Maufra, Peintre Officiel de la Marine, est connu pour ses marines. Cette œuvre vigoureuse, originale par sa facture, est caractéristique des recherches de l’artiste, qui laisse volontairement vierge une partie de la toile. Seule la mer est entièrement peinte d’une pâte épaisse : les falaises, restées en réserve, ne sont que suggérées. C’est un procédé qu’utilisaient souvent les Nabis. L’artiste travaille ici une toile à la façon dont il traiterait une gravure. Ainsi il omet les détails et met l’accent sur une puissante composition et des couleurs vraies qui condensent l’essentiel. »
In Une collection en mouvement(s), Musée de Pont-Aven, 2019
Maufra n’est pas le peintre paysager d’une côte neutre. Il peint la mer, les vagues, l’écume, le vent, et jusqu’au bruit du déchaînement des flots sur la roche.
De Nantes au Pouldu
Né à Nantes en 1861, Maxime Maufra s’initie en reproduisant des paysages des bords de Loire. Son père qui dirige une entreprise de métallurgie a décidé de l’orienter vers les affaires. Mais au cours d’un séjour en Angleterre, à Liverpool, il découvre la peinture de Turner et visite le Pays de Galles et l’Écosse (où il peint Solitude, Vallée de Glencoe). Dans les années 1880, il parcourt Normandie et Bretagne pour peindre marines et paysages.
C’est lors d’un séjour en Bretagne en 1890 qu’il rencontre Paul Gauguin et Paul Sérusier. Il décide de se consacrer pleinement à la peinture et s’installe à Pont-Aven. Il fréquente, en 1891 et 1892, l’auberge de Marie Henry au Pouldu en compagnie de Charles Filiger.
En 1893 et 1894, Maufra et Gauguin se fréquentent à Paris. Gauguin lui dédicace un dessin de deux portraits d’une Bretonne qui montre bien leur amitié et leur respect mutuel pour leur art « À l’ami Maufra, à l’artiste d’avant-garde, aïta aramoe » qui signifie « pas oublié » en tahitien.
Le Peintre officiel
Il expose ensuite à la galerie Durand-Ruel qui sera son marchand jusqu’à la mort de l’artiste et organisera de nombreuses expositions de ses œuvres.
En 1916 il est nommé Peintre 0fficiel de la Marine, couronnant une très productive carrière débutée en Bretagne puis au Bateau-Lavoir et qu’il achèvera en mourant devant son chevalet, où il peignait « Le Moulin du Gué du Bray » sur les bords du Loir, un paysage qui n’est pas sans rappeler celui du Talisman.
La particularité de Maxime Maufra aura été d’avoir su garder son indépendance vis-à-vis de tous les courants artistiques de son époque.